Général de Brigade Aérienne Georges LAPICHE (1920-1978)

ESCADRON DE RECONNAISSANCE 01.033 BELFORT

Stationné sur la Base aérienne 112 de Reims depuis 1994, l’Escadron de Reconnaissance 01.033 « Belfort », officiellement créé le 1er janvier 1945, tire ses origines de l’escadrille MF 33 créée au début de la Première Guerre mondiale.

Créée à Tours le 2 octobre 1914, l’escadrille MF 33 évolue jusqu’en 1917 sur avions Maurice Farman : initialement équipée de Maurice Farman type 7, l’escadrille est successivement dotée de MF 11 (décembre 1914), de MF 11 bis (mai 1915) et enfin de MF 11 équipés d’un armement défensif avant que son parc d’avion ne soit finalement uniformisé en mai 1916 par l'attribution de Maurice Farman F-40. D’abord mise à la disposition de l’armée qui combat aux alentours d’Amiens, l’escadrille passe dès le 14 novembre 1914 sous les ordres de l’armée de Belgique avant d’être finalement rattachée le 1er janvier 1915 au 9e Corps d’Armée alors engagé dans la bataille d’Ypres, corps d’armée auquel elle restera subordonnée jusqu’à la fin de la guerre. Basée à Verquin dans le Pas-de-Calais, elle prend part à l’offensive menée le 9 mai 1915 en Artois en direction de Lens. En septembre, elle participe à une seconde poussée dans ce secteur, en conjonction avec une attaque en Champagne. Après avoir passé l’hiver à Bruay-en-Artois, l’escadrille gagne Bar-le-Duc en mars 1916 puis se déploie fin avril sur le terrain de Brocourt pour intervenir dans le secteur de Verdun. Son insigne, la célèbre hache d’abordage rouge à deux tranchants, apparaît au cours de l’année, en référence au capitaine Alfred Bordage qui commande l’escadrille et qui a l’habitude de signer ses ordres en écrivant « A. Bordage ». L’escadrille se déploie ensuite à Suippes dans la Marne et intervient en Champagne. En septembre 1916, le 9e Corps d’Armée gagne la Somme afin de prendre part à l’offensive que les armées franco-britanniques y mènent depuis juillet ; l’escadrille s’y déplace et y effectue des missions de reconnaissance de qualité qui lui vaudront sa troisième citation. Basée à Fismes (Marne), la MF 33 prend part en avril 1917 à l’offensive du Chemin des Dames puis accomplit en mai des missions de réglage de tirs et de liaison d’infanterie lors des actions partielles entreprises dans la forêt de Vauclerc, à l’extrémité est du Chemin des Dames. Se séparant définitivement de ses avions Farman en septembre 1917, l’escadrille est dotée à compter de juin 1917 de Dorand AR type 1 avec lesquels elle évolue pendant quelques mois jusqu’au remplacement de ces appareils en décembre par des avions Salmson 2 A2 avec lesquels elle combattra jusqu’à la fin de la guerre – d’où sa dénomination définitive d’escadrille SAL 33. Après avoir participé à la bataille qui permet d’arrêter l’offensive lancée par les Allemands le 21 mars 1918, l’escadrille prend part en août à l’attaque d’Artois et intervient dans le secteur de Montdidier (Somme) ; elle s’installe en septembre sur le terrain de Faucoucourt dans l’Aisne. L’escadrille termine la guerre en Argonne où elle accomplit des missions de réglage de tirs d’artillerie à la jonction des armées françaises et américaines engagées dans l’offensive générale du 26 septembre qui marque le retrait général des Allemands. L’escadrille stationne sur le terrain d’Auve dans la Marne lorsque la guerre prend fin.

Pendant les quatre années qu’a duré la Grande Guerre, l’escadrille SAL 33 « Hache d’A. Bordage » s’est bien battue ; elle a participé à de nombreuses batailles et plusieurs citations sont venues récompenser le comportement exemplaire de cette unité, comme en témoigne notamment l’ordre général n° 1569 du 3 janvier 1919 qui cite l’escadrille à l’ordre de l’armée : « Escadrille SAL 33 : unité d'élite qui n'a cessé depuis le début de la guerre de rendre les plus grands services au commandement. Vient encore de se signaler sous le commandement du capitaine Picot de Vauloge au cours des opérations de la Somme et de Champagne auxquels a pris part le 9ème Corps d'Armée. Par l'énergie de son chef et le bel exemple qu'il donnait, par l'audace et l'activité de ses observateurs, par le courage et l'habileté de ses pilotes, a toujours mené à bien toutes les missions qui lui étaient confiées, reconnaissances, missions photographiques, réglages ou missions de commandement, ne se laissant arrêter ni par ses pertes, ni par une aviation ennemie particulièrement active et à laquelle elle a dû livrer de durs combats. »

La paix revenue, l’escadrille quitte la France et gagne l’Allemagne. Déployée dans le Palatinat, à Gonsenheim près de Mayence, elle est intégrée le 1er janvier 1920 au 3e Régiment d'Observation, formation qui participe à l’occupation de la Ruhr et de la Rhénanie et qui devient 33e Régiment d'Aviation le 1er août 1920. Alors que ce régiment se compose de quatre groupes d’observation à deux escadrilles – les 1er, 3e, 4e et 5e groupes d’observation – et d’un groupe de chasse à trois escadrilles, l’escadrille SAL 33 « Hache d’A. Bordage » appartient pour sa part au 5e Groupe d'Observation, groupe qu’elle compose pour moitié avec l’escadrille SAL 6 « Mouette du Rhin ». Depuis 1920, ces deux formations sont toutes deux équipées de Breguet XIV A2, appareils qui ont succédé aux Salmson 2 A2. Au cours de cette période, l’escadrille réalise de très nombreuses missions et effectue notamment de la reconnaissance photographique au profit de la commission interalliée de contrôle des mines et des usines ; elle survole également cette partie de l’Allemagne pour y effectuer des relevés topographiques pour le compte de l’état-major en vue d’un travail de cartographie. En 1926, l’escadrille troque ses Breguet XIV A2 contre des Breguet XIX A2.

Dissout le 30 mai 1930 au moment où s’achève l’occupation de la Rhénanie, le 33e Régiment d’Aviation disparaît et les escadrilles qui le composent sont rapatriées en France. Les escadrilles SAL 33 « Hache d’A. Bordage » et SAL 6 « Mouette du Rhin » qui composaient le 5e Groupe d’Observation de ce régiment d’aviation gagnent alors la base aérienne de Nancy-Essey, terrain sur lequel elles stationneront pendant une dizaine d’années, jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Recréé quelques mois après sa dissolution, le 33e Régiment d’Aviation reprend vie le 1er novembre 1930 ; il change toutefois de structure et se compose désormais de trois groupes de reconnaissance, l’ancien 5e Groupe d’Observation devenant le troisième groupe du régiment. Après une nouvelle réorganisation qui intervient en juillet 1932, le 33e Régiment d’Aviation devient la 33e Escadre de Reconnaissance composée de deux groupes de reconnaissance à deux escadrilles. Parmi les quatre escadrilles de cette nouvelle formation : la SAL 33 « Hache d’A. Bordage » et la SAL 6 « Mouette du Rhin » qui, à elles deux, composent le Groupe de Reconnaissance II/33. Les années trente sont marquées par la variété des modèles d’appareils qui se succèdent au sein du groupe de reconnaissance. En mai 1933, les Breguet XIX A2 sont remplacés par des Potez 25 A2, appareils à moteur Salmson de 520 chevaux. Puis, en novembre 1936, des Potez 542 à moteur Lorraine Pétrel de 720 chevaux font leur apparition au sein des deux escadrilles du groupe, ces appareils étant bientôt suivis par la remise de Potez 540. En mars 1939, peu avant l’entrée en guerre, arrivent les appareils triplaces d’observation Potez 637, avions bimoteurs de grande reconnaissance dotés de moteurs Gnome-Rhône 14 Mars de 650 chevaux.

Dissoute à l’entrée en guerre, la 33e Escadre de Reconnaissance disparaît au profit de ses deux groupes de reconnaissance qui deviennent autonomes. Engagé dès le 4 septembre 1939, le Groupe de Reconnaissance I/33 participe aux opérations aériennes et effectue jusqu’au 17 juin 1940 des missions de reconnaissance à vue et photographiques avant de se replier sur l’Afrique du Nord où, non maintenu dans l’armée de l’Air d’armistice, il sera finalement dissout lors d’une cérémonie organisée à Sétif le 29 juillet 1940. Il en va différemment du Groupe de Reconnaissance II/33.

Le Groupe de Reconnaissance II/33, déployé le 27 août 1939 sur le terrain de Rouvres-en-Woëvre près d’Etain dans la Meuse puis, quatre jours plus tard, sur le terrain de Soissons-Saconin dans l’Aisne, aligne à l’entrée en guerre un certain nombre d’appareils dont une dizaine pour l’escadrille SAL 33 « Hache d’A. Bordage », équipée de sept Potez 637 et de deux Potez 542 (ces deux appareils, dépassés, devront rapidement être retirés). En souvenir de son long déploiement à Nancy, le G.R. II/33 a adopté comme insigne la croix de Lorraine chargée de l’insigne de ses deux escadrilles. Chargé de la reconnaissance stratégique, le Groupe de Reconnaissance II/33 se trouve d’abord rattaché à la Zone d’Opérations Aériennes Nord ; toutefois, compte tenu de la neutralité de la Belgique, il sera rapidement détaché à la Zone d’Opérations Aériennes Est au sein de laquelle intervient déjà le G.R. I/33. Commandé par le capitaine Schunck, le groupe quitte l’Aisne à la mi-septembre pour gagner le terrain d’Orconte dans la Marne où il stationne à compter du 17 septembre. L’escadrille SAL 33 y percevra le 21 novembre ses trois premiers Potez 63/11, appareil mieux adapté au travail de la reconnaissance mais qui n'apporte malheureusement rien sur le plan de la vitesse par rapport aux Potez 637. Commandée par le capitaine Laux, la SAL 33 « Hache d’A. Bordage » – escadrille qu’intègrera le 2 décembre Antoine de Saint-Exupéry – effectue le 21 septembre sa première mission de guerre, réalisée au-dessus de Trêves. Participant aux opérations aériennes, les deux escadrilles qui composent le Groupe de Reconnaissance II/33 évoluent dans un certain nombre de secteurs, notamment au-dessus de la vallée du Rhin, de la Moselle, de la Meuse et des Ardennes. Les sorties effectuées au-dessus de l’Allemagne sont nombreuses ; malheureusement, les possibilités opérationnelles des escadrilles sont limitées par des problèmes techniques que ne tardent pas à rencontrer leurs appareils compte tenu du froid engendré par la très haute altitude à laquelle doivent s’effectuer les missions : blocage des commandes, enrayage des armes de bord, pannes de l'appareil photo, etc. S’ajoute à ces problèmes le danger croissant que font courir aux appareils la D.C.A. et la chasse ennemies, qui force les escadrilles du groupe à changer de tactique en privilégiant d’abord les missions effectuées à basse altitude sous forme de reconnaissance à vue puis les missions de reconnaissance de nuit et les missions exécutées au petit matin en privilégiant le vol rasant. A partir de novembre 1939, les efforts du groupe portent principalement sur la surveillance des mouvements et des concentrations de troupes allemandes à proximité de la Belgique et des Pays-Bas en vue de déterminer une éventuelle volonté de l'adversaire de ne pas respecter la neutralité de ces pays. Le 19 janvier 1940, le Groupe de Reconnaissance II/33 gagne le terrain d’Athies-sous-Laon dans l’Aisne où il est mis au repos. En mars, il est basé à Orconte dans la Marne ; il y reprend le cours de ses missions et y perçoit le 18 de ce mois des Marcel Bloch 174, appareils qui améliorent notablement la situation de l'aviation de reconnaissance stratégique. Le 11 avril, le groupe se déploie de nouveau sur le terrain d’Athies-sous-Laon pour couvrir le secteur nord du front. Cinq jours plus tard, le 16 avril, la SAL 33 « Hache d’A. Bordage » déplore ses premières victimes en service commandé : au retour de la 51e mission de guerre, le Marcel Bloch 174 n° 16 que pilote le capitaine Laux, attaqué au-dessus de la Belgique par trois Messerschmitt Bf 109, s’écrase, tuant l’observateur et le mitrailleur de l’appareil et blessant grièvement le capitaine qui, ne pouvant plus assurer le commandement de l’escadrille, doit céder la place au lieutenant Israël. Les choses se précipitent avec le 10 mai 1940, jour du déclenchement de l’offensive terrestre allemande. Le groupe effectue d’abord des missions dans le secteur de Maastricht et de Liège, puis gagne à la mi-mai la région parisienne, stationnant successivement sur les terrains du Bourget (17 mai), d’Orly (21 mai) et de Nangis (2 juin) à partir desquels il poursuit sa mission d’information du haut commandement jusqu’à ce que l’avancée des troupes allemandes, irrésistible, le force à reculer. Basé à La Chapelle-Vendômoise dans le Loir-et-Cher le 10 juin, le G.R. II/33 est à Châteauroux (Indre) le 15, à Jonzac (Charente-Maritime) le 17 et à Perpignan-La Salanque le 19 juin, terrain d’où ses avions s’envolent le 20 juin pour se réfugier en Afrique du Nord. La campagne de France achevée, la guerre perdue, l’heure est au bilan : au cours de la campagne de France, les deux escadrilles du Groupe de Reconnaissance II/33 ont effectué cent quatre-vingt-six missions représentant deux cent vingt-sept heures de vol ; elles ont perdu vingt membres d’équipage (tués ou blessés) et dix de leurs appareils ont été détruits.

Après avoir réussi la traversée de la mer Méditerranée, le Groupe de Reconnaissance II/33 rassemble ses appareils sur le terrain d’Alger-Maison Blanche où ses huit Marcel Bloch 174 sont mis sous les ordres du commandement supérieur de l’Air en Afrique du Nord ; le groupe y stationnera durant deux mois. A l’escadrille SAL 33, la seconde quinzaine de juillet est marquée par plusieurs missions de surveillance côtière effectuées dans le but d’observer les mouvements de la flotte britannique après l’affaire de Mers el-Kébir. Fin août, les escadrilles SAL 33 « Hache d’A. Bordage » » et SAL 6 « Mouette du Rhin » qui composent le G.R. II/33 quittent l’Algérie et s’installent sur le terrain d’El Aouina près de Tunis, aérodrome sur lequel elles stationneront pendant plus de deux ans, jusqu’au débarquement allié de novembre 1942. Ces deux années sont marquées par une longue période d’inaction au cours de laquelle l’escadrille SAL 33 « Hache d’A. Bordage » consacre ses maigres attributions en carburant à l’entraînement de ses équipages. Jouant de ruse avec la commission de contrôle, elle parvient toutefois à effectuer divers vols à caractère opérationnel pour observer en novembre 1940 les mouvements des flottes britannique et italienne et pour surveiller en janvier 1941d'éventuels préparatifs italiens en Sicile et en Sardaigne en vue d’un débarquement en Afrique du Nord. Au début de 1942, plusieurs vols de reconnaissance sont effectués au-dessus de la Tripolitaine pour suivre le flux et le reflux des troupes de l’Axe. Malgré de gros problèmes de fourniture en pièces de rechange, l’escadrille parvient à maintenir en état de vol ses vieux Marcel Bloch 174, sept de ces avions étant en état de vol au début du mois de novembre 1942 lorsque les forces alliés débarquent en Afrique du Nord.

Le débarquement allié en Afrique du Nord tire les deux escadrilles du Groupe de Reconnaissance II/33 de leur longue torpeur. Fuyant devant les armées de l’Axe qui ont envahi la Tunisie, elles se replient d’abord dans le sud tunisien avant de gagner l’Algérie, se déployant successivement à Djedeïda, Thélepte, Biskra, Aïn-Beïda et finalement à Colbert près de Sétif où elles se trouvent le 21 novembre. Mais le groupe ne tarde pas à reprendre l’offensive et lutte contre l’ennemi en effectuant des sorties sur le littoral tunisien. Le 6 janvier 1943, le G.R. II/33 est expédié sur le terrain de Laghouat dans le sud algérien pour être mis au repos. Ses escadrilles reprennent toutefois rapidement du service et la SAL 33 « Hache d’A. Bordage » effectue en mars plusieurs missions de bombardement en piqué et de reconnaissance sur les arrières des troupes allemandes dans le sud tunisien. La reprise de l’activité opérationnelle pose toutefois la question du remplacement des vieux Marcel Bloch 174 que possède l’escadrille. C’est dans ce contexte qu’est envisagée la transformation de la SAL 33 sur Lockheed P-38 Lightning dans sa version photo, appareil moderne ne comportant aucune arme de bord. Progressivement remplacés, les vieux Marcel Bloch 174 disparaissent peu à peu de l’escadrille, les Etats-Unis remettant le 30 mars 1943 à la SAL 33 – toujours déployée à Laghouat – ses deux premiers Lockheed P-38 Lightning. Conséquence de cette dotation : l’escadrille SAL 33 « Hache d’A. Bordage » doit quitter en mai le Groupe de Reconnaissance II/33 et se séparer de l’escadrille Sal 6 « Mouette du Rhin ». Ordre lui a en effet été donné de gagner le terrain d’Alger-Maison Blanche – où, au début du mois de mai, elle perçoit son cinquième P-38 Lightning – pour terminer son entraînement sur cet appareil au sein de l’U.S. Army Air Force et, surtout, être formée aux missions de reconnaissance photographique stratégique qui lui seront désormais demandées. Intégrée au 3rd Photo Group de l’U.S. Army Air Force que commande le colonel E. Roosevelt, fils du président des Etats-Unis, l’escadrille est déclarée opérationnelle le 1er juillet 1943 ; la SAL 33 « Hache d’A. Bordage » rejoint alors La Marsa près de Tunis en vue de son proche engagement en opérations. La première mission de guerre effectuée sur Lockheed P-38 Lightning intervient le 12 juillet, avec la Sardaigne pour objectif. De juillet à décembre 1943, l’escadrille effectue de très nombreuses missions de reconnaissance au-dessus de la Tunisie, de l'Italie, de la Corse, de la Sardaigne et même de la France. De son côté, l’escadrille SAL 6 « Mouette du Rhin », qui a été équipée fin 1943 de Hawker Hurricane et a été engagée en tant qu’escadrille de reconnaissance tactique, reçoit en mars 1944 des Vickers-Supermarine Spitfire Mark V. C’est à cette époque que le Groupe de Reconnaissance II/33 est baptisé « Savoie ». Quittant l’Afrique du Nord, les deux escadrilles du groupe concentrent leurs actions sur le théâtre d’opération italien et y effectuent des missions de couverture photographique et de reconnaissance tactique ; dans ce contexte, la SAL 33 « Hache d’A. Bordage » se déploie en Italie au début de décembre 1943, stationnant d’abord sur le terrain de Foggia près de San Severo puis, à compter de janvier 1944, à Pomigliano près de Naples, terrain depuis lequel l’escadrille accomplit un certain nombre de sorties sur la Provence afin d’y repérer les ouvrages édifiés par les Allemands. A cette époque, l'escadrille compte huit officiers (dont sept pilotes), trente-sept sous-officiers et dix hommes du rang. A partir de février, les pilotes français se consacrent à des missions de mapping (établissement de cartes) effectuées entre le littoral méditerranéen de la France et Clermont-Ferrand, travail qui se prolonge jusqu’à l’été de 1944. Au cours de cette période, l’escadrille change plusieurs fois de terrain, s’installant d’abord à Alghero en Sardaigne (8 mai) puis à Borgo, au sud de Bastia en Corse, le 17 juillet. C’est depuis ce terrain qu’Antoine de Saint-Exupéry, parti mener une reconnaissance au-dessus du territoire français, disparaît le 31 juillet 1944. De son côté, la SAL 6 « Mouette du Rhin » se déploie en Italie en mai 1944 et participe à la campagne en luttant aux côtés d’un escadron américain puis britannique. L’escadrille SAL 33 « Hache d’A. Bordage » participe au débarquement allié en Provence le 15 août 1944, événement qui annonce un prochain redéploiement sur le territoire national du Groupe de Reconnaissance II/33 « Savoie ». C'est au commandant Gavoille que reviennent l'honneur et la fierté d'être le premier pilote de l’escadrille à se poser en France continentale, le 19 août 1944, à Ramatuelle. A la fin du mois, l’échelon volant de la deuxième escadrille s’y rassemble puis, le 1er septembre, c'est au tour de la SAL 33 au grand complet de se poser au Luc avec ses sept appareils en état de vol. Après la base du Luc, l’escadrille gagne les environs de Valence le 7 septembre, participant activement avec l’autre escadrille du groupe à la campagne de France. Remontant en direction du nord de la France, la SAL 33 « Hache d’A. Bordage » se trouve à Dijon le 26 septembre 1944 ; elle y trouve un peu d’autonomie et se sépare du 23rd Photo Squadron qui l’avait accompagné jusque là au sein du 3rd Photo Group. Le 2 novembre, l’escadrille se trouve à Nancy-Azelot. Les derniers mois de l'année 1944 sont consacrés à des reconnaissances effectuées sur la vallée du Rhin.

Le 1er janvier 1945, suite à une réorganisation de l’aviation de reconnaissance française, l’escadrille SAL 33 « Hache d’A. Bordage » devient le Groupe de Reconnaissance 1/33, baptisé « Belfort » par le haut commandement français en hommage à la « Cité des Trois Sièges » qui vient d’être libérée. L’escadrille SAL 6 « Mouette du Rhin » forme à elle seule le Groupe de Reconnaissance 2/33 « Savoie » qui constitue avec le G.R. I/33 « Belfort » la 33e Escadre de Reconnaissance recréée à cette date. Alors que l’escadrille effectue ses premières missions au-dessus de l’Allemagne, la situation du G.R. I/33 « Belfort » est difficile : les effectifs ne sont pas complets et les moyens en matériel sont des plus modestes puisque son parc consiste en sept avions Lockheed P-38 Lightning seulement, à bout de potentiel d’ailleurs. Les missions continuent cependant, malgré la neige et le froid très vif. « Nos mécaniciens passent leurs journées sous cette tourmente, travaillant malgré ce froid hostile. Le thermomètre accuse - 25°. Il faut mettre les moteurs en route. Or nous ne disposons ni d'insufflateur d'air chaud, ni de réchauffeuse d'huile, ni de groupe électrogène de secours... » lit-on dans les archives de l’escadron pour janvier 1945. Le 5 avril, le « Belfort » atterrit à Colmar où la 33e Escadre de Reconnaissance regroupe ses deux groupes respectivement équipés de Lockheed P-38 Lightning pour le G.R. I/33 et de North American P-51 Mustang pour le G.R. II/33. Cette période met un terme aux attaches américaines du groupe : le G.R. I/33 dépend en effet exclusivement du 1er Corps Aérien Français constitué en novembre 1944 pour appuyer la 1ère Armée dans la campagne d'Allemagne. C’est à Colmar que le groupe reçoit une trentaine de Lockheed P-38 Lightning qui améliorent notablement la situation.

Le « Belfort » s’est donc bien battu pendant la Seconde Guerre mondiale, comme en témoigne la décision n° 905 du 2 juillet 1945 par laquelle le général de Gaulle, président du Gouvernement Provisoire de la République Française et chef des Armées, cite à l'ordre de l’Armée aérienne le Groupe de Reconnaissance 1/33 « Belfort » : « Très belle unité de reconnaissance stratégique qui sous les ordres du Commandant Gavoille, a été engagée sur P-38 depuis juillet 1943. Depuis le 1er mars 1944, a exécuté 350 missions de reconnaissance photographique à très grande distance sur monoplace non armé et non accompagné. De ses bases successives d'Italie, de Sardaigne et de Corse, a exécuté la couverture photographique complète et répétée d'environ 100000 kilomètres carrés de territoires lointains occupés par l'ennemi. Au cours de missions difficiles et périlleuses effectuées en vol rasant le long des côtes de Languedoc et de Provence a obtenu des renseignements de la plus haute importance pour la préparation du débarquement allié du 15 août 1944. Basée ensuite sur le territoire de la Métropole, a effectué un grand nombre de reconnaissances photographiques qui ont fourni des renseignements précieux à la VIIème Armée Américaine puis à la 1ère Armée Française au cours de l'avance alliée qui a libéré le sud puis l'est de la France. Très belle unité de combat, dont les pilotes ont toujours fait preuve d'un allant remarquable, en même temps que des plus sûres qualités professionnelles. »



La guerre terminée, le Groupe de Reconnaissance 1/33 « Belfort » s'installe en septembre 1945 à Fribourg-en-Brisgau en Allemagne. Au programme : des détachements effectués en Indochine, des missions d’instruction et des manœuvres interalliées. Rapatrié en France en 1950, le groupe s’installe sur la base aérienne de Cognac où est créée en son sein une seconde escadrille qui, équipée de bimoteurs Dassault 315 Flamant, est destinée à la transformation des personnels des escadrilles d’outre-mer. Parvenus à bout de potentiel, les Lockheed P-38 Lightning du groupe effectuent en juillet 1952 leur dernier vol. Cédés par les Etats-Unis dans le cadre de l’O.T.A.N., les premiers Republic F-84 G Thunderjet font leur apparition au « Belfort » quelques semaines plus tard, le 29 août. Les entraînements sur cet appareil débutent à la mi-septembre et le « Belfort » peut participer à la fin de l’année à Cazaux à sa première campagne de tir sur avion à réaction. L’adaptation à ce nouvel appareil ne va toutefois pas sans poser des difficultés : le 20 décembre 1953, à son retour de campagne, l’une des machines du groupe est accidentée à l'atterrissage, train fauché.

Le Groupe de Reconnaissance 1/33 change de nom en février 1953 et devient l’Escadron de Reconnaissance Tactique 1/33 « Belfort ». Deux ans plus tard intervient la transformation des personnels de l’escadron sur Republic F-84 F Thunderflash, appareil dont le premier exemplaire se pose à Cognac le 8 novembre 1955. Doté de cet appareil, le « Belfort » se déploie en 1956 au Proche-Orient pour intervenir à Suez à la fin de l’année. Une nouvelle fois déployé outre-Rhin, l’escadron gagne en juillet 1957 la base aérienne de Lahr-Hugsweier en République Fédérale d’Allemagne ; son activité est ponctuée par des exercices et des manœuvres, par des détachements mensuels effectués à Boufarik et à Ouarla dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre en Algérie et par la participation de pilotes de l’E.A.L.A. 11/72 stationnée à La Reghaia. Quittant l’Allemagne, l’escadron se déploie sur la base aérienne de Strasbourg-Entzheim en 1959 puis s’installe en juin 1961 sur celle de Luxeuil-les-Bains où il prend le 1er mai 1964 l’appellation d’Escadron de Reconnaissance 1/33 « Belfort ». Volant pour la dernière fois sur Thunderflash le 3 juillet 1966, l’escadron se sépare de ses appareils qui, à Châteauroux, seront reversés aux Américains. L’unité évoluera désormais sur un appareil français : le Dassault Mirage IIIR, appareil dérivé du Mirage III qui, équipé de cinq caméras et de deux canons de 30 millimètres, est voué à la reconnaissance tactique. En janvier 1967, l’escadron s’installe sur la Base aérienne 124 de Strasbourg-Entzheim où il reçoit le 16 janvier 1967 ses cinq premiers Mirage IIIR, appareil avec lequel il évoluera pendant une vingtaine d’années. Le 27 novembre 1985, l'escadron reçoit son premier Mirage F1 CR et sa transformation officielle sur cet appareil débute le 23 mai 1986. Cet avion monoplace de reconnaissance se caractérise par ses capacités d’emport variées. Il est équipé en interne d’une caméra panoramique Oméra 40 munie d’une focale de 75 millimètres pour la réalisation clichés basse altitude et d’une caméra verticale Oméra 33 de focale 150 millimètres pour les missions de type cartographique ; l’adaptation du Super Cyclope à la cellule assure le recueil d’une image infrarouge ; en emport externe, un nouveau type de capteur complète la panoplie du Mirage F1 CR : la nacelle Raphaël (Radar de PHotographie Aérienne ELectronique). Doté en 1987 de la station aérotransportable de reconnaissance aérienne (SARA), il participe en 1989 à l’opération « Epervier » au Tchad. Présents en Arabie saoudite dès le déclenchement de la crise du Golfe en août 1990, ses avions participent activement en janvier 1991 à l’opération « Tempête du Désert », effectuant des missions de reconnaissance et de bombardement. Du 30 mai au 12 juin 1991, l'escadron stationne à Djibouti d’où il surveille les frontières (opération « Godoriat ») et s’intègre à compter de juillet 1991 au dispositif multinational de l'opération « Aconit » protégeant depuis la Turquie les Kurdes vivant dans le nord de l’Irak. Le 7 avril débute l’opération « Crécerelle » menée en ex-Yougoslavie à laquelle l’escadron participe depuis la base italienne d'Istrana. Lorsque la 33e Escadre de Reconnaissance est dissoute à l’été 1993, l’escadron devient autonome ; le 31 juillet 1993, il est doté de deux nouvelles escadrilles (d’une part l’E.A.L.A. 9/72 « Petit Prince » et, d’autre part, la BR 244 « Léopard ») et, héritant de nouvelles traditions, son insigne – une croix de Lorraine – est désormais chargé d’un Petit Prince, d’une hache (pour l’ancienne escadrille SAL 33) et d’un léopard (pour l’ancienne escadrille BR 244) en référence aux trois escadrilles qui le composent désormais. A la fermeture de la Base aérienne 124 de Strasbourg-Entzheim, l’escadron rejoint en juin 1994 la Base aérienne 112 de Reims, s'installant dans les locaux anciennement occupés par l'Escadron de Chasse 1/30 « Valois ».

Ses actions d’éclat au cours du siècle écoulé ont valu à l’Escadron de Reconnaissance 01.033 « Belfort » plusieurs décorations : la croix de guerre 1914-1918 avec deux palmes de bronze et une étoile de vermeil, la croix de guerre 1939-1945 avec deux palmes de bronze et, en 2000, une citation à l’ordre de la division aérienne et la croix de guerre des Théâtres d’Opération Extérieurs avec étoile d’argent pour les missions effectuées en ex-Yougoslavie.

Actuellement équipé de vingt Mirage F1 CR, l’Escadron de Reconnaissance 01.033 « Belfort » est, de part la spécificité de sa mission et au même titre que l’E.R. 02.033 « Savoie », toujours amené à être présent là où les forces françaises ont à intervenir.

ESCADRON DE RECONNAISSANCE 02.033 SAVOIE

Stationné sur la Base aérienne 112 de Reims depuis 1994, l’Escadron de Reconnaissance 02.033 « Savoie » tire ses origines de l’escadrille D 6 créée à Reims en décembre 1912.

Dépendant du 2e groupe d’aviation de Reims, l’escadrille D 6, commandée par le capitaine Aubry, prend part aux manœuvres de 1913. Sitôt la guerre déclarée, l’escadrille, équipée d’avions Deperusssin, est d’abord affectée à la 5e Armée que commande le général Lanrezac avec laquelle elle participe aux opérations menées en Belgique ; elle compte alors sept pilotes, dont quatre officiers et trois sous-officiers. Comptant dans ses rangs le lieutenant Brocard qui devait devenir le chef des Cigognes, l’escadrille est engagée en octobre 1914 dans les combats de l’Aisne puis stationne dans la Marne sur le terrain de Baslieux-les-Fismes à partir du mois de mai 1915, sous les ordres du capitaine Desorges. Dans l’intervalle, la D 6 a pris en compte des Caudron et a été rebaptisée C 6 (1er mars 1915). Quelques mois plus tard, en juillet, elle devient escadrille organique du 18e Corps d’armée. Affectée à la 2e Armée, dans le secteur de Verdun, en mai 1916, elle occupe la base de Lemmes (Meuse) avant de partir pour l’Argonne et Sainte-Menehould. Après avoir transité par Mailly-le-Camp en vue de s’y entraîner (octobre-novembre), la C 6 passe sous la responsabilité de la 3e Armée, dans la Somme, en février 1917. Elle participe à l’offensive du Chemin des Dames avec la 10e Armée, avant d’être transférée à Luxueil (juin) puis à Fontaine, sur le territoire de Belfort. En janvier 1918, la C 6 prend en compte des Salmson 2.A2 et des Sopwith 1 ½ Strutter, devenant la SAL 6. Commandée par le lieutenant Latour, cette formation est impliquée dans les actions par lesquelles les armées alliées s’opposent aux grandes attaques allemandes du printemps et de l’été de 1918. Quand la guerre prend fin, la SAL 6 se trouve sous les ordres de la 3e Armée. La paix revenue, l’escadrille stationne pendant quelques mois en Allemagne où elle est finalement dissoute le 18 juillet 1919. L'escadrille sera toutefois reconstituée le 1er août 1920 dans le cadre de la réorganisation des régiments aériens d'observation (R.A.O.). Mais bien qu'utilisant le nom de l'escadrille n° 6 créée en 1912, aucune véritable filiation n'existe entre ces deux escadrilles ; il n'y a d'ailleurs pas de reprise d'insigne. La nouvelle SAL 6, 16e escadrille du 33e R.A.O., basée en Rhénanie alors occupée par la France, reprendra à son compte l'insigne de la défunte SAL 70, baptisée pour l'occasion « Mouette du Rhin » (la mouette est en effet un oiseau très répandu l'hiver dans la région de Mayence). Dès lors, conservant cette tradition, l'escadrille est la 16e escadrille du 5e groupe du 33e Régiment d'Aviation de l'Armée du Rhin. Le 1er janvier 1924, le 33e Régiment d'Observation de l'Armée du Rhin devient le 33e Régiment d'Aviation Mixte et la SAL 33 est sa sixième escadrille. La SAL 6 devient successivement la 4e escadrille du 4e groupe du 33e Régiment d’Aviation le 1er novembre 1930 et la 4e escadrille du 2e groupe de la 33e Escadre de Reconnaissance en juillet 1932, date de la transformation du 33e Régiment d'Aviation en 33e Escadre de Reconnaissance composée de deux groupes, le deuxième groupe possédant alors deux escadrilles qui sont la troisième escadrille (la « Hache d’A. Bordage », ex-SAL 33) et la quatrième escadrille (la « Mouette »).

Dissout le 30 mai 1930 au moment où s’achève l’occupation de la Rhénanie, le 33e Régiment d’Aviation disparaît et les escadrilles qui le composent sont rapatriées en France. Les escadrilles SAL 33 « Hache d’A. Bordage » et SAL 6 « Mouette du Rhin » qui composaient le 5e Groupe d’Observation de ce régiment d’aviation gagnent alors la base aérienne de Nancy-Essey, terrain sur lequel elles stationneront pendant une dizaine d’années, jusqu’à l’entrée en guerre. Recréé quelques mois après sa disparition, le 33e Régiment d’Aviation reprend vie le 1er novembre 1930 mais change de structure : il se compose désormais de trois groupes de reconnaissance, son ancien 5e Groupe d’Observation devenant le troisième groupe du régiment. Après une nouvelle réorganisation qui intervient en juillet 1932, le 33e Régiment d’Aviation devient la 33e Escadre de Reconnaissance composée de deux groupes de reconnaissance à deux escadrilles. Parmi les escadrilles de cette nouvelle formation : la SAL 33 « Hache d’A. Bordage » et la SAL 6 « Mouette du Rhin » qui, à elles deux, composent le Groupe de Reconnaissance II/33. Les années trente sont marquées par la variété des appareils qui se succèdent au sein du groupe de reconnaissance. En mai 1933, les Breguet XIX A2 sont remplacés par des Potez 25 A2, appareils à moteur Salmson de 520 chevaux. Puis, en novembre 1936, des Potez 542 à moteur Lorraine Pétrel de 720 chevaux font leur apparition au sein des deux escadrilles du groupe, appareils bientôt suivis de Potez 540. En mars 1939, peu avant l’entrée en guerre, arrivent les appareils triplaces d’observation Potez 637, avions bimoteurs de grande reconnaissance dotés de moteurs Gnome-Rhône 14 Mars de 650 chevaux.

Dissoute à l’entrée en guerre, la 33e Escadre de Reconnaissance disparaît au profit de ses deux groupes de reconnaissance qui deviennent autonomes. Engagé dès le 4 septembre 1939, le Groupe de Reconnaissance I/33 participe aux opérations et effectue jusqu’au 17 juin 1940 des missions de reconnaissance à vue et photographiques avant de se replier sur l’Afrique du Nord où, non maintenu dans l’armée de l’Air d’armistice, il sera dissous à Sétif le 29 juillet 1940. Il en va différemment du G.R. II/33.

Le Groupe de Reconnaissance II/33, déployé dès le 27 août 1939 sur le terrain de Rouvres-en-Woëvre près d’Etain dans la Meuse puis, quatre jours plus tard, sur le terrain de Soissons-Saconin dans l’Aisne, aligne à l’entrée en guerre un certain nombre d’appareils, essentiellement des Potez 637. Il a adopté comme insigne la croix de Lorraine chargée de l’insigne de ses escadrilles en souvenir de son passage à Nancy. Chargé de la reconnaissance stratégique, le Groupe de Reconnaissance II/33 se trouve rattaché à la Zone d’Opérations Aériennes Nord ; il sera toutefois rapidement détaché à la Zone d’Opération Aériennes Est aux côtés du G.R. I/33 compte tenu de la neutralité de la Belgique. Commandé par le capitaine Schunck, le groupe quitte l’Aisne à la mi-septembre pour gagner Orconte dans la Marne où il stationne à compter du 17 septembre et commence en novembre à percevoir des Potez 63/11, version mieux adaptée au travail de la reconnaissance mais qui n'apporte malheureusement rien sur le plan de la vitesse par rapport aux Potez 637. Les deux escadrilles qui composent le G.R. II/33 participent aux opérations et évoluent dans un certain nombre de secteurs, notamment au-dessus de la vallée du Rhin, de la Moselle, de la Meuse et des Ardennes. Les sorties sur l’Allemagne ne cessent pas ; malheureusement, les possibilités opérationnelles des deux escadrilles sont limitées par des problèmes techniques que ne tardent pas à rencontrer ses appareils compte tenu du froid engendré par la très haute altitude à laquelle doivent s’effectuer les missions : blocage des commandes, enrayage des armes de bord, pannes de l'appareil photo, etc. De surcroît, compte tenu du danger croissant que font courir la D.C.A. et la chasse ennemies, les unités du groupe sont contraintes de changer de tactique et de privilégier les missions effectuées à basse altitude sous forme de reconnaissance à vue, les missions de reconnaissance de nuit puis les missions exécutées au petit matin en privilégiant le vol rasant. A partir de novembre 1939, les efforts du groupe portent principalement sur la surveillance des mouvements et des concentrations de troupes allemandes à proximité de la Belgique et des Pays-Bas en vue de déterminer une éventuelle volonté de l'adversaire de ne pas respecter la neutralité de ces pays. Le Groupe de Reconnaissance II/33 gagne le 19 janvier 1940 le terrain d’Athies-sous-Laon dans l’Aisne où il est mis au repos. Basé à Orconte au mois de mars où il a repris le cours de ses missions, le G.R. II/33 y perçoit le 18 de ce mois des Marcel Bloch 174, appareils qui améliorent notablement la situation de l'aviation de reconnaissance stratégique. Le 11 avril, le groupe stationne à nouveau sur le terrain d’Athies-sous-Laon pour couvrir le secteur nord du front.

Les choses se précipitent le 10 mai, jour du déclenchement de l’offensive terrestre allemande. Après avoir effectué des missions dans le secteur de Maastricht et de Liège, le groupe gagne à la mi-mai la région parisienne, stationnant successivement sur les terrains du Bourget (17 mai), d’Orly (21 mai) et de Nangis (2 juin) à partir desquels il poursuit sa mission d’information du haut commandement jusqu’à ce que l’avancée des troupes allemandes, irrésistible, le force à reculer : basé à La Chapelle-Vendômoise dans le Loir-et-Cher le 10 juin, le G.R. II/33 est à Châteauroux (Indre) le 15, à Jonzac (Charente-Maritime) le 17 et à Perpignan-La Salanque le 19 juin, terrain d’où ses avions s’envolent le 20 juin 1940 pour se réfugier en Afrique du Nord. La campagne de France achevée, la guerre perdue, l’heure est au bilan : au cours de la campagne de France, le Groupe de Reconnaissance II/33 a effectué cent quatre-vingt-six missions représentant deux cent vingt-sept heures de vol ; il a perdu vingt membres d’équipage (tués ou blessés) et dix de ses appareils ont été détruits.

Après avoir traversé la mer Méditerranée, le G.R. II/33 se rassemble à Alger-Maison Blanche où ses huit Marcel Bloch 174 sont mis sous les ordres du commandement supérieur de l’Air en Afrique du Nord ; il y stationnera jusqu’à la fin du mois d’août, date à laquelle les deux escadrilles SAL 33 « Hache d’A. Bordage » » et SAL 6 « Mouette du Rhin » qui composent le G.R. II/33 font mouvement vers le terrain d’El Aouina près de Tunis, aérodrome sur lequel elles stationneront plus de deux ans, jusqu’au débarquement allié de novembre 1942. Pendant ces deux années, les escadrilles connaissent une longue période d’inaction, consacrant leurs maigres attributions en carburant à l’entraînement de leurs équipages et réalisant quelques missions. Malgré de gros problèmes de fourniture en pièces de rechange, elles réussissent à maintenir en état de vol leurs vieux Marcel Bloch 174 qui, pour l’essentiel, sont en état de vol au début du mois de novembre 1942 lorsque les Alliés débarquent en Afrique du Nord.

Le débarquement allié en Afrique du Nord tire les escadrilles du G.R. II/33 de leur longue torpeur. Celles-ci doivent d’abord fuir devant les armées de l’Axe qui ont envahi la Tunisie et se replient dans le sud tunisien puis en Algérie, gagnant Djedeïda, Thélepte, Biskra, Aïn-Beïda et finalement Colbert près de Sétif en Algérie où elles se trouvent le 21 novembre. Le groupe reprend toutefois rapidement l’offensive et lutte contre l’ennemi en effectuant des sorties sur le littoral tunisien. Le 6 janvier 1943, le G.R. II/33 est expédié sur le terrain de Laghouat dans le sud algérien pour être mis au repos. Mais ses escadrilles reprennent rapidement du service, notamment l’escadrille « Hache d’A. Bordage » qui sera peu à peu transformée par les Etats-Unis sur Lockheed P-38 Lightning et quittera en mai le Groupe de Reconnaissance II/33 pour se vouer à des missions de reconnaissance photographique stratégique au sein de l’U.S. Army Air Force.

Après le départ de la SAL 33, l’escadrille « mouette » continue de s’entraîner sur ses Marcel Bloch 174 à Laghouat. Elle quitte ce terrain le 17 juin pour s’installer à Somma près de Blida en Algérie et se rééquiper. Puis elle est basée à La Marsa en Tunisie où, le 3 novembre, elle reçoit l’appellation de « Savoie » et devient escadrille de reconnaissance tactique. L’escadrille s’y équipe dès la fin de cette même année de Hawker Hurricane puis, en mars 1944, est équipée de Vickers-Supermarine Spitfire Mark V. Après avoir participé à la campagne de Tunisie, l'escadrille débarque à Naples en mai 1944 pour intervenir en Italie. Elle y combattra plus particulièrement aux côtés du 11th TAC/R Squadron américain. Elle participe aux opérations conduites par les armées alliées devant Rome jusqu’en juin, sous les ordres du commandant Piéchon. Elle intervient même dans la tête de pont d’Anzio-Nettuno. A partir du 20 juillet, elle stationne sur le terrain de Borgo en Corse puis, à compter du 8 août, près de Calvi. Elle prend part au soutien du débarquement en Provence le 15 août et se pose en France le 20 août, à Ramatuelle. Elle fit mouvement le 24 sur Puget-sur-Argens. De là, elle effectue un important travail de reconnaissance au profit des armées alliées, remontant vers le nord par la vallée du Rhône. Le 5 septembre 1944, l’escadrille est à Montélimar, le 8 à Satolas. Ses actions d’éclat lui valent deux citations à l’ordre de l’Armée aérienne avec attribution de la croix de guerre avec palme. Le 23 septembre, elle se trouve à Dijon-Longvic où elle est transformée sur Spitfire Mark IX. Elle ne gagne Luxueil que le 17 novembre. Le 1er janvier 1945, dans le contexte de la recréation de la 33e Escadre de Reconnaissance, l’escadrille n° 4 « Mouette » du Groupe de Reconnaissance II/33 se sépare de l’escadrille n° 3 « Hache » et devient le Groupe de Reconnaissance Tactique 2/33 « Savoie », affecté à la reconnaissance tactique photographique et à vue. Ses Spitfire n’étant plus adaptés à cette tâche, le groupe prend en compte à partir du 16 janvier des North American P-51 Mustang. Opérationnel sur cet appareil au milieu du mois de février 1945, l’escadrille, alors commandée par le commandant Martre, effectue sa première mission de guerre sur cet appareil le 19. A partir du mois de mars, le groupe travaille en coopération avec les P-47 des groupes de chasse du 1er Corps aérien français et participe aux actions menées pour le franchissement du Rhin. Puis les Mustang de ce groupe jouèrent un rôle essentiel dans la destruction des divisions allemandes encerclées en Forêt-Noire par la 1ère Armée terrestre française. Du 16 avril au 8 mai 1945, le groupe accomplit cent quatre-vingt-neuf sorties représentant trois cent vingt heures de vol et réalise avec ses Mustang huit cent soixante clichés de la rive droite du Rhin. Ce travail permet aux interprétateurs photos de repérer des centaines de chars, de blindés et de camions ainsi que des radars, des casemates et des points fortifiés.

Cantonnée sur la base aérienne de Colmar à la fin des hostilités, le G.R. 2/33 gagne Fribourg en Brisgau en 1945 où il demeurera jusqu’en 1950, avant de se déployer à Cognac de 1950 à 1957. Il délaisse ses Mustang au début des années cinquante lorsque le groupe est transformé par les Américains sur Republic F-84 G Thunderflash dans le cadre de l’O.T.A.N. A partir de 1954, le groupe prend le nom d’Escadron de Reconnaissance Tactique 2/33 « Savoie » – appellation qu’il conservera jusqu’en mai 64 où il s’appelle Escadron de Reconnaissance 2/33 « Savoie ». Basé à Cognac, il s’équipe au milieu des années cinquante de Republic F-84 F Thunderflash. A partir d’avril 1957, il stationne en République Fédérale d’Allemagne à Lahr-Hugsweier au sein de la 33e Escadre de Reconnaissance puis rejoint la Base aérienne 124 de Strasbourg-Entzheim où il évolue à compter d’avril 1960. La transformation sur Mirage III R débute en 1963 par l’Escadron de Reconnaissance 3/33 « Moselle » suivie en 1965 par celle du 2/33 « Savoie ». En 1983, le Mirage F1 CR fait son apparition à Strasbourg où l'escadron stationne et celui-ci est le premier de l’armée de l’Air à être équipé de Mirage F1 CR. Le 31 juillet 1993, la 33e Escadre de Reconnaissance est dissoute, et, le lendemain, l'E.R. 02.033 « Savoie » est restructuré, composé des escadrilles SAL 6 « Mouette du Rhin », BR 11 « Cocotte » et C 53 « Fanion ». Il s’installe à Reims le 26 avril 1994.

Pour ne s'intéresser qu'à ses missions les plus récentes, l'escadron a participé, tout comme l’Escadron de Reconnaissance 01.033 « Belfort » à un grand nombre d'opérations aériennes nécessitant la mise en oeuvre de la compétence photo de l'armée de l'Air : parmi elles l'opération « Epervier » menée au Tchad de 1986 à 1992 (reconnaissance aérienne et conduite d'un dispositif d'assaut), l'opération « Daguet » effectuée en Arabie saoudite d’octobre 1990 à mai 1991 (missions de bombardement et de reconnaissance dans le golfe Persique), l’opération « Godoriat » menée à Djibouti en juin 1991, l’opération « Aconit » effectuée de juillet 1991 à février 1994 (missions de surveillance opérées depuis la base aérienne d'Incirlik en Turquie), l'opération « Turquoise » conduite en juillet et août 1994 au profit du Rwanda, l'opération « Crécerelle » menée en ex-Yougoslavie de mai 1993 à décembre 1995 (missions de reconnaissance régulières sur la Bosnie-Herzégovine effectuées depuis la base aérienne d’Istrana en Italie), l’opération « Salamandre » conduite en ex-Yougoslavie de décembre 1995 à novembre 1996, les opérations « Almandin » I et II menées en République Centrafricaine (missions effectuées à la suite des mutineries militaires de Bangui de 1996 et 1997 tandis que des appareils de reconnaissance de cet escadron étaient positionnés dans ce pays depuis l’automne 1995 dans le cadre des Eléments Français d’Assistance Opérationnelle) et l’opération « Trident » menée d’avril à juillet 1999 au-dessus de l’ex-Yougoslavie et du Kosovo (missions de reconnaissance effectuées dans le cadre de la campagne aérienne conduite par les forces de l’O.T.A.N. contre la Yougoslavie). Plus particulièrement, l’escadron participe depuis octobre 1996 en Arabie saoudite à l’opération Alysse par un déploiement permanent de trois Mirage F1 CR mis en oeuvre sur la base aérienne d’Al Kharj tandis qu’un second détachement est activé depuis l’automne 1997 au Tchad à N’Djamena où deux Mirage F1 CR sont intégrés aux Eléments Français du Tchad (E.F.T.) ayant succédés à l’ancienne opération Epervier. Indépendamment de la qualité de ses matériels embarqués, la station aérotransportable pour la reconnaissance aérienne SARA qui facilite la préparation des missions, l’exploitation et l’interprétation du renseignement, a permis à cet escadron d’intervenir sur des théâtres d’opération lointains. L’escadron est titulaire pour 1914-1918 d’une citation à l’ordre du Corps aérien et de la croix de guerre 1914-1918 avec étoile de vermeil, pour le second conflit mondial de la croix de guerre 1939-1945 avec palme et attribution de la fourragère aux couleurs de la croix de guerre ; il a récemment reçu une citation à l’ordre de la Division aérienne et la croix de guerre des Théâtres d’Opération Extérieurs avec étoile d’argent pour les missions effectuées en ex-Yougoslavie.

Historique issu du site de l'Armée de l'Air, BA112 de REIMS

24 juin 2010 Dissolution du 1/33 BELFORT

Le jeudi 24 juin 2010, dans le contexte de la fermeture annoncée de la Base aérienne 112 de Reims, s’est déroulée la cérémonie de dissolution du premier des deux escadrons de reconnaissance déployés depuis 1994 sur cette base : l’escadron de reconnaissance 01.033 « Belfort », unité qui, mettant en œuvre une vingtaine de Mirage F1CR dédiés à la reconnaissance aérienne tactique et commandée depuis un an par le lieutenant-colonel Vincent Fournier, a été officiellement créée le 1er janvier 1945 (mais dispose néanmoins de traditions remontant aux escadrilles de la Première Guerre mondiale).
Organisée en zone opérationnelle nord en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires locales et avec la participation de la Musique de l’air de Paris, cette cérémonie placée sous la présidence du général de corps aérien Joël Martel, major général de l’Armée de l’air, comprenait notamment une remise de décorations, la dissolution de l’escadron 1/33 « Belfort » (symbolisée par la lecture d’un ordre du jour et la remise du fanion de l’escadron), un défilé des troupes à pied, plusieurs passages d’une patrouille composée de quatre Mirage F1CR et trois démonstrations en vol (celle d’un F-18 Hornet des forces aériennes suisses, d’un Rafale de l’Armée de l’air et des Epsilon de la patrouille acrobatique des « Cartouche dorée »).
Au sol étaient exposés plusieurs Mirage F1 (notamment un Mirage F1CR spécialement « décoré » pour l’occasion) ainsi que deux des principaux avions historiques ayant autrefois équipé cette unité créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale (et dont le fanion porte la croix de guerre 1914-1918 avec deux palmes de bronze et une étoile de vermeil, la croix de guerre 1939-1945 avec deux palmes de bronze et la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs avec étoile d’argent) : un North-American P-51 Mustang et un Dassault Mirage IIIR.

« Les traditions du 1/33 vont perdurer, explique le lieutenant-colonel Vincent Fournier, dernier commandant de cet escadron, qui rappelle, ému, qu’il a déjà vécu deux dissolutions d’unités auxquelles il a appartenu (celles du 1/30 « Alsace » et du 2/30 « Normandie-Niémen »). Ses traditions vont en effet être partiellement transférées sur la base de Cognac, à l’escadron de drone « Adour », notamment celles liées à l’escadrille « Hache d’abordage » qui est intégrée au 1/33 et a longtemps été son unique insigne. Il s’agit là d’un transfert logique puisque cet escadron de drone remplit des missions de reconnaissance. Les traditions liées à Antoine de Saint-Exupéry – notamment celles de l’escadrille « Petit Prince » – seront, quant à elles, transférées à l’escadron de reconnaissance 2/33 « Savoie » basé à Reims pour un an encore, de même qu’une partie de nos Mirage F1CR. Le reste des appareils sera ferraillé et le matériel de l’unité sera reversé dans l’Armée de l’air par la base aérienne. S'agissant des hommes et des femmes, environ un tiers des pilotes sera muté normalement, sans être remplacé ; il en ira de même pour le personnel non navigant de l’unité. De plus, certains rejoindront l’escadron de reconnaissance 2/33 « Savoie », juste à côté. Enfin, quelques pilotes seront transférés dans d’autres escadrons de chasse. Par exemple, l’un d’eux intégrera prochainement les forces aériennes stratégiques sur Mirage 2000N à Istres, et un autre deviendra pilote de Rafale sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier. Je n’ai aucun doute sur leur capacité à bien s’adapter. » (propos recueillis par le lieutenant Marianne Jeune du Sirpa Air)

Un fanion plein de symboles
L'escadron de reconnaissance 01.033 n'est donc plus. Dans la tombe, avec lui, c'est un fanion qui s'en va. Un emblème qui n'est pas qu'un bout de tissu et qui porte toute l'histoire de ceux qui se sont succédé au sein de cette unité.
Trois décorations sont épinglées sur le fanion du Belfort. La croix de Guerre 14-18 avec deux palmes de bronze et une étoile de vermeil. L'escadron Belfort a également obtenu la croix de guerre 39-45 avec deux palmes de bronze. En janvier 2000, l'escadron s'est vu attribuer la croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs avec étoile d'argent pour les opérations effectuées notamment en République Fédérale de Yougoslavie.
Par ailleurs, toujours sur ce fanion figure trois représentations. La hache, héritée de la francisque rouge du SAL33 créé le 2 octobre 1914.
Mais ce n'est pas tout puisque la croix de Lorraine viendra s'ajouter en 1943. En 1956, l'escadron est basé en Algérie et adjoint une représentation du Petit Prince de Saint-Exupéry à son fanion.
Et enfin, et pour finir, le léopard rouge accroupi sur le B de l'inscription B 244 et pêchant le nombre 244 avec sa patte, dans un ovale jaune bordé de bleu, transformé par la suite en losange.
Il a été modifié ensuite pour ne retenir que le léopard.

BA112 / L'escadron Belfort tire sa révérence

Jeudi 24 juin 2010, le général Martel a reçu une dernière fois le fanion de l'escadron « Belfort ».
Jeudi, l'escadron de reconnaissance 1/33 Belfort a été officiellement dissous après 55 ans de service. Un pas de plus dans la tombe pour la base aérienne de Reims qui voit peu à peu les rangs se clairsemer.
Fermez le ban. Le général de corps, Joël Martel a parlé. Jeudi, l'unité de reconnaissance de l'escadron Belfort est morte. C'est le premier des escadrons, sur les deux présents sur la base « Marin-La-Meslée » qui a donc tiré sa révérence.
Des funérailles de première classe. Près de 250 militaires de tous les corps étaient présents lors de cette cérémonie qui ne se voulait « ni festive », « ni pesante » selon les officiers supérieurs présents. « Une page se tourne le 17 juin avec le retour des Mirage F1CR de l'escadron du Tchad. La mission en Afghanistan, quant à elle se poursuit. Cette année, le Belfort aura réalisé plus de la moitié de ses heures de vol en mission extérieure », a souligné le général quatre étoiles quelques minutes avant de recevoir le fanion de l'escadron, symbole de la dissolution, des mains du lieutenant-colonel Vincent Fournier, commandant de l'ER 1/33 Belfort, sous les yeux du colonel Guyon, commandant de la base.
C'est en 1945 que cet escadron voit le jour. Et c'est en 1994 qu'il rejoint les pistes de la BA112 après près de trente ans passés sur la base de Strasbourg-Entzheim. A mots couverts, certains officiers supérieurs ne cachaient pas leur déception de voir un des joyaux de la flotte aérienne française péricliter de force.
Il faut souligner que cet escadron composé de trois escadrilles était composé encore jeudi de 57 militaires dont 33 pilotes cumulant chaque année, quelque 4 800 heures de vol. Aujourd'hui, pilotes et mécaniciens sont réaffectés sur d'autres bases aériennes, notamment sur celle d'Orange en Provence. Depuis 1993, l'escadron de reconnaissance « Belfort » a multiplié les opérations à l'extérieur. Ainsi, les militaires ont survolé les zones de conflit yougoslave, la Bosnie, le Kosovo et en 2003 direction l'Irak.
En 2004, les pilotes et leurs mécaniciens effectuent des missions au Soudan, particulièrement au Darfour avant l'année suivante, depuis la base de Douchanbé (Kirghizistan), d'effectuer des opérations de reconnaissance tactique et d'appui de feu sur le théâtre afghan. Depuis 2007, les pilotes étaient stationnés directement sur le sol afghan, sur la base de Kandahar.
Il ne reste donc plus qu'un seul escadron sur la base de Reims. Alors qu'il y a encore quelques années, la BA 112 avait la particularité d'avoir en son sein des escadrons de chasse et des avions de fret. La réforme des implantations militaires a fait le reste. La base aérienne créée en 1928 ne sera plus dans le courant de l'année 2011.
Avec elle, partiront des centaines d'hommes encore présents jeudi dernier. Le dernier escadron présents, le « Savoie » et ses trois escadrilles la SAL 6 « Mouette », la BR 11 « Cocotte » et de la C 53.
Cet escadron survivant mourra quasiment en même temps que la base aérienne durant l'été 2011.

L’escadron de drones «Adour» devient «Belfort»


L’escadron de drones 1/33 « Adour», implanté sur la base aérienne 709 à Cognac, est passé sous l’autorité organique de la brigade de chasse du commandement des forces aériennes (CFA), le 2 septembre 2010.

Présidé par le général Herbert Buaillon, directeur des ressources humaines de l’armée de l’air, une cérémonie de transfert de commandement se déroulera en début d’après-midi marquant le baptême de l’escadron d’expérimentation 1/33 « Adour » en escadron de drones « Belfort ». « La phase d’expérimentation se terminant, l’escadron d’expérimentation drone « Adour » actuellement sous la responsabilité du centre d’expériences aériennes militaires de Mont-de-Marsan, reprend les prestigieuses traditions d’un escadron de reconnaissance Mirage F1CR, dissous cet été », annonce le communiqué de presse de la base de Cognac.

L’unité est implantée à Cognac depuis 2009. Elle compte 80 personnes et assure la formation ainsi que l’entraînement du personnel, l’appui aux missions des autres ministères et un déploiement permanent en Afghanistan. Cet escadron est équipé du système intérimaire de drone Male (moyenne altitude de longue endurance), baptisé Harfang. Il remplit depuis février 2009 des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance au profit de la force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan.

Le Harfang permet d’assurer une permanence aérienne sur une zone sans exposer les équipages aux menaces NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) ou sol-air. Évoluant à faible vitesse en moyenne altitude, le drone est un moyen de surveillance discret sur les plans sonore et visuel, complémentaire des systèmes spécialisés de recueil de renseignements : Mirage F1CR, Transall Gabriel, E3F, Satellite Hélios, etc.




LES 100 ans de la MOUETTE

La SAL 6 « Mouette » fête ses 100 ans.

 La SAL 6, escadrille prestigieuse de l’escadron de reconnaissance 2/33 « Savoie », fêtera le 22 juin 2012 le 100e anniversaire de sa création sur la base aérienne de Mont de Marsan.

A cette occasion, le commandant d’escadrille prie les anciens piégeards ayant appartenu à la « Mouette » de se manifester auprès de la cellule traditions de l’escadron 2/33 « Savoie » en vue de l’organisation de ce grand évènement.